L’art de s’associer avec des amis

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L’amitié est à la base de nombreuses créations d’entreprises. Mais, trop souvent, ces collaborations rencontrent des problèmes de confiance mutuelle, de répartition de pouvoir et d’argent.

S’associer avec des amis, s’engager avec un ami est pour beaucoup une décision qui va de soi. Mais lorsqu’il est question d’argent, les relations s’enveniment facilement et le risque de briser une amitié s’accentue. Le conseil lorsque l’on envisage ce type de collaboration se décline en quelques points:

  1. Si possible, ne pas s’associer à parts égales afin d’éviter les conflits directs. Quand l’un ne peut pas crier plus fort que l’autre, l’union peut courir à l’échec.
  2. Si les amis détiennent le même actionnariat, qu’ils accomplissent au moins des tâches différentes
  3. En cas d’actionnariat réparti entre plus de 5 personnes, que certains se limitent à être actionnaires tandis que d’autres gèrent la société.

Si vous démarrez une boîte avec un ami …

Pour que l’union fonctionne et que l’amitié perdure, pas de recette alambiquée ! Juste quelques règles simples. Comme le précise J Gaussin, professeur à l’université de psychologie du travail de l’UCL.

  1. L’amitié ne peut pas être le facteur clé du choix d’un associé

Pour que cela marche, il faut une idée de projet commune. Les amis s’associent pour monter un projet créatif et novateur, pas parce qu’ils s’entendent bien

  1. L’aspect financier ou économique est source de conflit

Clarifiez dès le départ les questions matérielles en précisant les tâches de chacun : qui est la patron si il y en a un, comment se prennent les décisions, la fixation des horaires ou la rémunération. N’attendez pas de faire des bénéfices pour établir les règles de partage et soumettez votre schéma d’organisation à une personne extérieure au projet pour détecter les lacunes

  1. Envisagez toujours la séparation

Prévoyez l’éventualité d’une séparation, d’autant plus si vous entretenez une relation de dépendance. Si vous êtes associé 50/50, sachez que le déblocage en cas de conflit est extrêmement difficile à mettre en œuvre. Lorsqu’il s’agit de racheter les parts de l’associé, cela se termine souvent devant le président du tribunal de commerce qui peut décider une cession forcée d’actions pour juste motif.

  1. Tenez compte de l’aspect humain et faites des bilans

Lorsque vous n’êtes pas content du travail de votre partenaire, n’hésitez pas à le lui dire. Sinon, la relation sera tronquée, ce qui risque de pervertir votre travail. Fixez, par exemple, un jour de debriefing par mois. Et,  en cas de réussite, ne tirez pas la couverture à vous.

Bien entendu, si la confiance reste le pilier d’une association, celle-ci doit s’accompagner de quelques garde-fous.  Par exemple, on notifiera dans les statuts les modalités de départ et d’arrivée d’associés. Secundo, on précisera le rythme de financement du capital nécessaire.  Et enfin, on définira le processus de décision au sein de la société, comme par exemple, une égalité totale.

Bien entendu, le processus de décision est intimement lié à la taille de l’entreprise. Pour les plus grandes, on constitue un comité de gestion qui assure la prise de décision quotidienne. Et ce , histoire de ne pas discuter des heures sur la couleur des crayons. En suivant ce schéma, on convient que tous les choix importants et stratégiques sont soumis à l’approbation du conseil d’administration qui se réunit, par exemple, tous les 15 jours. 

Il ne faut donc pas se leurrer en croyant -à tort- que tout ce qui apparaît comme positif dans la relation amicale est transférable dans la sphère professionnelle. Il n’y a pas de transfert automatique, car plusieurs éléments conditionnent le succès, comme par exemple la répartition de pouvoir. A contrario, l’association entre amis dispose d’atouts comme la facilité d’interactions personnelles. Comme les amis se connaissent au préalable, ils parviennent à se réguler et à générer la créativité, la productivité de l’autre. Agissant de la sorte, chacun est plus efficace.

Le succès est basé sur la consolidation des relations et rien ne bâtit mieux et plus vite une relation de confiance qu’une amitié, explique Jan Yager, Ph D, auteur du livre « Friendshifts« , « the power of friendship and how it shapes our lifes« .

Dans cet ouvrage, un chapitre est consacré à la façon dont l’amitié peut influencer le succès d’une entreprise. Selon Jan Yager, l’amitié au travail améliore la créativité car elle permet l’humour, la détente et l’appréciation des idées des autres. L’amitié au travail permet de développer un réel esprit d’équipe. « Les gens sont généralement réticents à admettre le rôle joué par leurs amis dans leur succès professionnel. Le préjugé qui veut qu’on ne mélange pas la vie privée et la vie professionnelle, est encore très présent. Ils craignent qu’on pense qu’ils sont arrivés là où ils sont uniquement grâce à leurs amis et non à leurs talents ; alors qu’en réalité, c’est généralement une combinaison des deux qui a mené au succès », explique Jan Yager.

Il arrive souvent que des clients deviennent amis. « Tant que le réseau se développe c’est positif ». Mais l’inverse est beaucoup plus délicat. Il est plus difficile de transposer une relation d’amitié dans le travail, à fortiori si celle-ci est très forte. Si quelque chose va de travers, en cas d’abus ou s’il y a une mauvaise communication, l’amitié peut se retourner contre vous. Mieux vaut donc prévenir que guérir.

Références: Dr Jan Yager, Friendshifts, the power of friendship and it shapes our lives. Hannecrox Creeks Books.

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